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Des armées nombreuſes remportèrent d’abord quelques avantages ſur un petit nombre de tyrans perdus dans des régions immenſes : mais ces foibles ſuccès même ne furent pas durables. Pluſieurs des aventuriers, enrichis par la rançon d’Atabaliba, avoient quitté leurs drapeaux pour aller jouir plus paiſiblement ailleurs d’un bien acquis ſi rapidement. Leur fortune échauffa les eſprits dans l’ancien, dans le Nouveau-Monde ; & de tous côtés on accourut au pays de l’or. Il arriva de-là que les Eſpagnols ſe multiplièrent, en moins de tems, au Pérou que dans les autres colonies. Bientôt, ils s’y trouvèrent au nombre de cinq ou ſix mille ; & alors ceſſa toute réſiſtance. Ceux des Indiens qui étoient les plus attachés à leur liberté, à leur gouvernement, à leur religion, ſe réfugièrent au loin dans des montagnes inacceſſibles. La plupart ſe ſoumirent aux loix du vainqueur.

Une révolution ſi étrange a été un ſujet d’étonnement pour toutes les nations. Le Pérou eſt un pays très-difficile, où il faut continuellement gravir des montagnes, marcher ſans ceſſe dans des gorges & des défilés. On y eſt réduit à paſſer, à repaſſer perpé-