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Monde fut découvert, un voile, tiſſu ou épaiſſi par les préjugés que la cour de Rome n’avoit jamais ceſſé de ſemer, tantôt ouvertement & tantôt avec adreſſe, couvrait de ténèbres l’Europe entière. Ces ſuperſtitions étoient plus profondes & plus générales en Eſpagne, où, depuis ſi long-tems, on haïſſoit, on combattoit les infidèles. Les ſouverains de cette nation devoient naturellement établir au-delà des mers les mauvais principes des pontifes qui leur donnoient un autre hémiſphère. Il n’en fut pas ainſi. Ces princes plus éclairés, ce ſemble, que leur ſiècle ne le comportoit, arrachèrent au chef de la chrétienté la collation de tous les bénéfices, les dixmes même que les prêtres avoient partout envahies. Malheureuſement, la ſageſſe qui avoit dicté leur ſyſtême ne paſſa pas à leurs ſucceſſeurs. Ils fondèrent ou permirent qu’on fondât trop d’évêchés. Des temples ſans nombre s’élevèrent. Les couvens des deux ſexes ſe multiplièrent au-delà de tous les excès. Le célibat devint la paſſion dominante dans un pays déſert. Des métaux qui devoient féconder la terre ſe perdirent dans les égliſes. Malgré ſa corruption & ſon igno-