Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/264

Cette page n’a pas encore été corrigée

Un nombre d’hommes, quel qu’il ſoit, qui deſcend dans une terre étrangère & inconnue, doit être conſidéré comme un ſeul homme. La force s’accroît par la multitude, mais le droit reſte le même. Si cent, ſi deux cens hommes peuvent dire, ce pays nous appartient ; un ſeul homme peut le dire auſſi.

Ou la contrée eſt déſerte, ou elle eſt en partie déſerte & en partie habitée, ou elle eſt toute peuplée.

Si elle eſt toute peuplée, je ne puis légitimement prétendre qu’à l’hoſpitalité & aux ſecours que l’homme doit à l’homme. Si l’on m’expoſe à mourir de froid ou de faim ſur un rivage, je tirerai mon arme, je prendrai de force ce dont j’aurai beſoin, & je tuerai celui qui s’y oppoſera. Mais lorſqu’on m’aura accordé l’aſyle, le feu & l’eau, le pain & le ſel, on aura rempli ſes obligations envers moi. Si j’exige au-delà, je deviens voleur & aſſaſſin. On m’a ſouffert. J’ai pris connoiſſance des loix & des mœurs. Elles me conviennent. Je déſire de me fixer dans le pays. Si l’on y conſent, c’eſt une grâce qu’on me fait, & dont le refus ne ſauroit m’offenſer. Les Chinois ſont peut-être mauvais politiques,