Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/126

Cette page n’a pas encore été corrigée

Quoique Las Cafas n’eût quitté le nouvel hémiſphère que depuis deux ans, à ſon retour la face s’en trouvoit totalement changée. La deſtruction entière des Indiens dans les iſles ſoumiſes à l’Eſpagne, avoit inſpiré la réſolution d’aller chercher dans le continent des eſclaves, pour remplacer les infortunés que l’oppreſſion avoit fait périr. Cette barbarie révolta l’âme indépendante des ſauvages. Dans leur reſſentiment, ils maſſacroient tous ceux de leurs raviſſeurs que le haſard faiſoit tomber dans leurs mains ; & deux miſſionnaires que des vues, vraiſemblablement louables, avoient conduits à Cumana, furent la victime de ces juſtes repréſailles. Ocampo partit ſur le champ de Saint-Domingue pour aller punir un attentat commis contre le ciel même, ainſi qu’on s’exprimoit ; & après avoir mis tout à feu & à ſang, il y éleva une bourgade qu’il nomma Tolède.

Ce fut dans ces foibles paliſſades que Las Cafas ſe vit réduit à placer le petit nombre de ſes compagnons qui avoient réſiſté aux intempéries du climat, ou qu’on n’avoit pas réuſſi à lui débaucher. Leur séjour n’y fut pas long. Les traits d’un ennemi implacable