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de leurs fers, en voyant les maux que souffroit une nation qui avoit brisé ses chaînes. Personne ne vouloit voir que la Suède avoit passé d’un excès à un autre ; que pour éviter l’inconvénient des volontés arbitraires, on étoit tombé dans les désordres de l’anarchie. Les loix n’avoient pas su concilier les droits particuliers des individus avec les droits de la société, avec les prérogatives dont elle doit jouir pour la sûreté commune de tous ceux qui la composent.

Dans cette fatale crise, il convenoit à la Suède, de confier au fantôme de roi qu’elle avoit formé, un pouvoir suffisant pour fonder les plaies de l’état, & pour y appliquer les remèdes convenables. C’est le plus grand acte de souveraineté que puisse faire un peuple ; & ce n’est pas perdre sa liberté que d’en remettre la direction à un dépositaire de confiance, en veillant à l’usage qu’il fera de ce pouvoir commis.

Cette résolution auroit comblé les Suédois de gloire, & fait leur bonheur. Elle auroit rempli les esprits de l’opinion de leurs lumières & de leur sagesse. En se refusant à un parti si nécessaire, ils ont réduit le chef de