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tions civilisées, les jeunes ſauvages ne les attendent que de leur père. C’eſt lui qui pourvoit à leur ſubſiſtance, quand ils ſont enfans ; c’eſt lui qui veille à leur sûreté. Comment ne rechercheroient-ils pas ſa bienveillance ? comment n’éviteroient-ils pas avec ſoin ce qui pourroit les priver de ſon appui ?

Un reſpect qui n’eſt point exigé ne ſauroit guère s’affoiblir dans des enfans qu’une habitude animale plus encore que le beſoin ramène toujours dans la cabane qui les a vu naître, & dont ils ne s’éloignent jamais à de grandes diſtances. Les séparations que l’éducation, l’induſtrie, le commerce occaſionnent ſi fréquemment parmi nous, & qui ne peuvent que relâcher les liens de la parenté, les ſauvages ne les connoiſſent point. Ils reſtent à côté de celui qui leur a donné l’exiſtence, tant qu’il vit. Comment s’écarteroient-ils de l’obéiſſance ? Rien ne leur eſt impérieuſement ordonné. Point d’être plus libre que le petit ſauvage. Il naît émancipé. Il va, il vient, il ſort, il rentre, il découche ſans qu’on lui demande ce qu’il a fait, ce qu’il eſt devenu. Jamais on ne s’aviſeroit d’employer l’autorité de la famille pour le ramener,