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voit porter que quatre mille balles de marchandiſes, & on le charge au-moins du double.

Les frais de conſtruction, d’armement, de navigation, toujours infiniment plus conſidérables qu’ils ne devroient l’être, ſont ſupportés par le gouvernement qui ne reçoit pour tout dédommagement que 75 000 piaſtres ou 405 000 liv. par navire.

Le départ eſt fixé au mois de juillet. Après s’être débarraſſé d’une foule d’iſles & de rochers, toujours incommodes, quelquefois dangereux, le galion fait route au Nord juſqu’au trentième degré de latitude. Là commencent à régner des vents alisés qui le mènent à ſa deſtination. On penſe aſſez généralement que s’il avançoit plus loin, il trouveroit des vents plus forts & plus réguliers qui précipiteroient ſa marche : mais il eſt défendu ſous les peines les plus graves à ceux qui le commandent de s’écarter de la ligne qu’on leur a tracée.

Telle eſt ſans doute la raiſon qui, pendant deux ſiècles, a empêché les Eſpagnols de faire la moindre découverte ſur un océan qui auroit offert tant d’objets d’inſtruction & d’utilité à des nations plus éclairées ou moins