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la nature. Sur le lac même, l’œil contemple avec ſurpriſe & ſatiſfaction des iſles flottantes. Ce ſont des radeaux formés avec des roſeaux entrelacés & aſſez ſolides pour porter de fortes couches de terre, & même des habitations légèrement conſtruites. Quelques indiens font là leur demeure & y cultivent une aſſez grande abondance de légumes. Ces jardins ſinguliers n’occupent pas toujours le même eſpace. Ils changent de ſituation, lorſque ce changement convient à leurs poſſeſſeurs.

Des levées fort larges & bâties ſur pilotis conduiſent à la cité. Cinq ou ſix canaux portent à ſon centre & dans ſes plus beaux quartiers toutes les productions de la campagne. Une eau ſalubre qu’on tire d’une montagne éloignée ſeulement de cinq à ſix mille toiſes eſt diſtribuée dans toutes les maiſons & même à leurs différens étages par des aqueducs très-bien entendus. L’air qu’on reſpire dans cette ville eſt très-tempéré. On y peut porter toute l’année des vêtemens de laine. Les moindres précautions ſuffiſent pour n’avoir rien à ſouffrir de la chaleur. Charles-Quint demandoit à un Eſpagnol