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riture, leur conſtitution & leurs habitudes ne comportoient pas. Ils erroient au haſard, ou reſtoient accroupis ſans rien faire. La ſuite de cette inaction fut une famine qui leur fut funeſte, & qui le fut à leurs oppreſſeurs. Avec de la douceur, des réglemens ſages & beaucoup de patience, il étoit poſſible d’opérer d’heureux changemens. Ces voies lentes & tempérées ne convenoient pas à des conquérans preſſés d’acquérir, preſſés de jouir. Ils demandèrent, avec la chaleur inséparable d’un grand intérêt, que tous les Indiens leur fuſſent répartis pour être employés à l’exploitation des mines, à la culture des grains, aux différentes occupations dont on les jugeroit capables. La religion & la politique furent les deux voiles dont ſe couvrit cet affreux ſyſtême. Tout le tems, diſoit-on, que ces ſauvages auront le libre exercice de leurs ſuperſtitions, ils n’embraſſeront pas le chriſtianiſme ; & ils nourriront toujours un eſprit de révolte, à moins que leur diſperſion ne les mette hors d’état de rien entreprendre. La cour, après bien des diſcuſſions, ſe décida pour un ordre de choſes, ſi contraire à tous les bons principes. L’iſle entière