Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/329

Cette page n’a pas encore été corrigée
Histoire philosophique
315

dirois-je à ces reſpectables enthouſiaſtes de la liberté ? Que les loix aboliſſent juſqu’au nom de ces anciennes compagnies, afin que chaque citoyen puiſſe ſe livrer ſans crainte à ce commerce, & qu’ils aient tous également les mêmes moyens de ſe procurer des jouiſſances, les mêmes reſſources pour parvenir à la fortune ? Mais ſi de pareilles loix, avec tout cet appareil de liberté, ne ſont dans le fait que des loix très-excluſives, leur langage trompeur vous les fera-t-il adopter ? Lorſque l’état permet à tous ſes membres de faire des entrepriſes qui demandent de grandes avances, & dont par conséquent les moyens ſont entre les mains d’un très-petit nombre de citoyens, je demande ce que la multitude gagne à cet arrangement. Il ſemble qu’on veuille ſe jouer de ſa crédulité, en lui permettant de faire des choſes qu’il lui eſt impoſſible de faire. Anéantiſſez les compagnies en totalité, le commerce de l’Inde ne ſe fera point, ou ne ſe fera que par un petit nombre de négocians accrédités.

Je vais plus loin ; & en faiſant abſtraction des privilèges excluſifs, je poſerai en fait que les compagnies des Indes, par la manière