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Histoire philosophique
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time, tourneroit au profit des différens états.

Ce ſyſtême nous ſemble propre à concilier tous les intérêts, tous les principes. Il ne nous paroît ſuſceptible d’aucune objection raiſonnable, ſoit de la part des défenſeurs du privilège exclufif, ſoit de la part des défenſeurs de la liberté.

Les premiers diroient-ils que les compagnies ſans privilège excluſif n’auroient qu’une exiſtence précaire, & ſeroient bientôt ruinées par les particuliers ?

Vous étiez donc de mauvaiſe foi, leur répondrais-je, lorſque vous ſouteniez que le commerce particulier ne pouvoit pas réuſſir ? Car s’il parvient à ruiner celui des compagnies, comme vous le prétendez aujourd’hui, ce ne peut être qu’en s’emparant malgré elles, par la ſupériorité de ſes moyens & par l’aſcendant de la liberté, de toutes les branches dont elles font en poſſeſſion. D’ailleurs, qu’eſt-ce qui conſtitue réellement vos compagnies ? Ce ſont leurs fonds, leurs vaiſſeaux, leurs comptoirs ; & non pas leur privilège excluſif. Qu’eſt-ce qui les a toujours ruinées ? Ce ſont les dépenſes exceſſives, les abus de