Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/304

Cette page n’a pas encore été corrigée
Histoire philosophique
286

Inutilement on objecteroit, que l’eſprit, qui, de tout tems, a régné dans ces contrées, nous a forcés de ſortir des règles ordinaires du commerce ; que nous ſommes armés ſur les côtes ; que cette poſition nous mêle, malgré nous, dans les affaires de nos voiſins ; que chercher à nous trop iſoler, c’eſt tout perdre. Ces craintes paroitront un fantôme aux gens raiſonnables, qui ſavent que la guerre, en ces régions éloignées, ne peut qu’être encore plus funeſte aux Européens qu’aux habitans ; & qu’elle nous mettra dans la néceſſité de tout envahir, ce qu’on ne peut ſe promettre ; ou d’être à jamais chaſſés d’un pays où il eſt avantageux de conſerver des relations.

L’amour de l’ordre donnera même plus d’extenſion à ces vues pacifiques. Loin de regarder les grandes poſſeſſions comme néceſſaires, on ne déſeſpérera pas de pouvoir ſe paſſer un jour de poſtes fortifiés. Les Indiens ſont naturellement doux & humains, malgré le caractère atroce du deſpotiſme qui les écraſe. Les peuples anciens, qui trafiquoient avec eux, ſe louèrent toujours de leur candeur, de leur bonne-foi. Cette partie de la