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devenu juſte ; & ceux qui combattent encore pour leur indépendance, ſe rangeroient en foule ſous des loix ſages. Les peuples voiſins, que l’orgueil & l’injuſtice ont repouſſés des ports que leurs pères avoient fréquentés, tourneroient leurs voiles vers des rades où ſe réuniroient l’induſtrie & la concorde. Les marchands Européens, qui gémiſſent dans les liens du monopole ſur les mers des Indes, porteroient leur activité, leurs lumières & leurs capitaux dans un aſyle heureux & libre. La colonie, dont les revenus montent à 2 728 000 liv. ceſſeroit de coûter annuellement à l’Eſpagne 527 500 livres, & deviendroit un des plus beaux établiſſemens du monde.

Cette révolution ne ſauroit être l’ouvrage d’une compagnie excluſive. Depuis plus de deux ſiècles que les Européens fréquentent les mers d’Aſie, ils n’ont jamais été animés d’un eſprit vraiment louable. En vain la ſociété, la morale, la politique ont fait des progrès parmi nous : ces pays éloignés n’ont vu que notre avidité, notre inquiétude, notre tyrannie. Le mal que nous avons fait aux autres parties du monde, a été quel-