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nent dans ſon pays. Il honore le génie. Il ſe familiariſe trop aisément, ce qui n’eſt pas ſans inconvénient pour lui-même & pour ceux qui veulent ſe faire reſpecter. Le François eſt avec vous ce que vous déſirez qu’il ſoit, mais il faut ſe tenir avec lui ſur ſes gardes. Il perfectionne tout ce que les autres inventent. Tels ſont les traits dont il porte l’empreinte plus ou moins marquée dans les contrées qu’il viſite plutôt pour ſatiſfaire ſa curioſité que pour ajouter à ſon inſtruction. Auſſi n’en rapporte-t-il que des prétentions. Il eſt plus fait pour l’amuſement que pour l’amitié. Il a des connoiſſances ſans nombre, & ſouvent il meurt ſeul. C’eſt l’être de la terre qui a le plus de jouiſſances & le moins de regrets. Comme il ne s’attache à rien fortement, il a bien-tôt oublié ce qu’il a perdu. Il poſſède ſupérieurement l’art de remplacer, & il eſt ſecondé dans cet art par tout ce qui l’environne. Si vous en exceptez cette prédilection offenſante qu’il a pour ſa nation & qu’il n’eſt pas en lui de diſſimuler, il me ſemble que le jeune François, gai, léger, plaiſant & frivole, eſt l’homme aimable de ſa nation ; & que le