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Tel eſt donc un des effets de la haine nationale. On aime mieux ſe priver d’un bien que de le devoir à des étrangers : mais particulièrement aux François, plus haïs que tous les autres, malgré la liaiſon des deux gouvernemens. D’où naît cette antipathie ?

Voyagez beaucoup, & vous ne trouverez pas de peuple auſſi doux, auſſi affable, auſſi franc, auſſi poli, auſſi ſpirituel, auſſi galant que le François. Il l’eſt quelquefois trop : mais ce défaut eſt-il donc ſi grand ? Il s’affecte avec vivacité & promptitude, & quelquefois pour des choſes très-frivoles, tandis que des objets importans, ou le touchent peu ou n’excitent que ſa plaiſanterie. Le ridicule eſt ſon arme favorite & la plus redoutable pour les autres & pour lui-même. Il paſſe rapidement du plaiſir à la peine & de la peine au plaiſir. Le même bonheur le fatigue. Il n’éprouve guère de fenſations profondes. Il s’engoue, mais il n’eſt ni fantaſque, ni intolérant, ni enthoufiafte. Il ſe ſoucie fort peu de la religion. Il reſpecte le ſacerdoce, ſans l’eſtimer, ni le révérer. Il ne ſe mêle jamais d’affaires d’état que pour chanſonner ou dire ſon épigramme, ſur les