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faudroit-il que ce chef n’eût aucune propriété hors de ſon royaume ; ſans quoi le bien d’une contrée & le bien de l’autre venant à ſe croiſer, les intérêts de la ſouveraineté précaire ſeront ſouvent ſacrifiés à l’intérêt de la ſouveraineté héréditaire ; ſans quoi les ennemis auront deux grands moyens d’inquiéter la nation, tantôt en intimidant le roi de la Grande-Bretagne par des menaces adreſſées à l’électeur d’Hanovre, tantôt en engageant celui-là dans des guerres funeſtes qu’ils prolongeront à leur diſcrétion, tantôt en réduiſant celui-ci à les terminer par des paix honteuſes. La nation aura-t-elle la lâcheté d’abandonner ſon roi dans des querelles qui lui ſeront étrangères ? Si elle s’en mêle, ne ſera-ce pas à ſes dépens, au prix de ſon argent & de ſes hommes ? Qui ſait ſi le péril du ſouverain étranger ne le rendra pas vil & même traître au ſouverain national ? En pareil cas qu’auroit donc à faire de mieux la nation Britannique que de dire à ſon roi : Ceſſe d’être notre ſouverain, ou ceſſe d’être électeur ; abdique les états que tu tiens de tes aïeux, ſi tu veux garder ceux que tu tiens de nous.