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gouvernement particulier n’eſt pas toujours paternel, ou les pères des nations n’y ſont pas toujours doux & humains : mais enfin la raiſon & la liberté qui réuniſſent les chefs y tempèrent la sévérité de leur caractère & la rigueur de leur autorité. Un prince, en Allemagne, ne peut pas être un tyran avec autant d’impunité que dans les grandes monarchies.

Les Allemands, plus guerriers encore que belliqueux, parce qu’ils poſſèdent plus l’art de la guerre qu’ils n’en ont la paſſion, n’ont été conquis qu’une fois, & ce fut Charlemagne qui put les vaincre, mais non pas les ſoumettre. Ils obéirent à l’homme, dont l’eſprit ſupérieur à ſon ſiècle ſut dompter, ou éclairer la barbarie : mais ils ſecouèrent le joug de ſes ſucceſſeurs. Cependant ils conſervèrent à leur chef le titre d’empereur : mais ce n’étoit qu’un nom, puiſque la réalité de la puiſſance réſidoit preſque entière dans les ſeigneurs qui poſſédoient les terres. Le peuple qui, malheureuſement, a toujours été par-tout aſſervi, dépouillé, tenu dans la misère par l’ignorance, & dans l’ignorance par la misère, n’avoit aucune part au bienfait