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étendue, ne ſeroit-ce pas d’être démembrée par quelque grande révolution, & d’être partagée en pluſieurs petites ſouverainetés contiguës, d’où l’ordre introduit dans quelques-unes, ſe répandroit dans les autres ? S’il eſt très-difficile de bien gouverner un grand empire civilisé, ne l’eſt-il pas davantage de civiliſer un grand empire barbare ?

La tolérance, il eſt vrai, ſubſiſte à Péterſbourg, & y ſubſiſte preſque ſans limites. Le judaïſme en eſt ſeul exclu. On a jugé ſes ſectateurs trop adroits ou trop faux dans le commerce, pour livrer à leurs pièges un peuple qui n’étoit pas aſſez exercé pour s’en garantir. Cette tolérance dans la capitale, ſeroit un grand acheminement à la civiliſation, ſi dans le reſte de l’empire les peuples ne croupiſſoient pas dans les plus groſſières ſuperſtitions ; ſi ces ſuperſtitions n’étoient pas fomentées par un clergé nombreux, plongé dans la crapule & dans l’ignorance, ſans en être moins reſpecté. Comment civiliſe-t-on un état ſans l’intervention des prêtres, qui ſont néceſſairement nuiſibles s’ils ne ſont utiles ?

La haute opinion qu’à l’exemple des