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peut-être, mais qui n’exiſte pas : car la nature ne fait rien de parfait. Rien n’y eſt régulier, & rien n’y eſt déplacé. Trop de cauſes conſpirent en même tems au développement, je ne dis pas d’un animal entier, mais des moindres parties ſemblables d’un animal, pour qu’on y retrouve de la ſymétrie. Le beau de la nature conſiſte dans un enchaînement rigoureux d’imperfections. On peut accuſer le tout, mais dans ce tout, chaque partie eſt parfaitement ce qu’elle doit être. L’étude d’une fleur, de la branche d’un arbre, d’une feuille, ſuffit pour s’en aſſurer.

Ce fut par cette voie lente & pénible que la peinture & la ſculpture arrivèrent à ce degré qui nous étonne dans le Gladiateur, dans l’Antinoiis, dans la Vénus de Médicis. Ajoutez à ces cauſes heureuſes une langue harmonieuſe dès ſon origine ; avant la naiſſance des arts, un poëte ſublime, un poëte rempli d’images riantes & terribles ; l’eſprit de la liberté ; l’exercice des beaux-arts interdit à l’eſclave ; le commerce des arrières avec les philoſophes : leur émulation ſoutenue par des travaux, des récompenſes & des éloges ; la vue continuelle du corps