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des ſaiſons, à l’avidité des traitans. L’agriculture, le commerce & l’induſtrie, ſouffrent de la préférence qu’on donne aux ſignes ſur les choſes. Comme l’état dépenſe toujours mal ce qu’il a mal acquis, à meſure que ſes dettes s’accumulent, il augmente les impôts pour payer les intérêts. Ainſi toutes les claſſes actives & fécondes de la ſociété ſont dépouillées, épuisées par la claſſe pareſſeuſe & ſtérile des rentiers. L’augmentation des impôts fait hauſſer le prix des denrées, & par-là celui de l’induſtrie. Dès-lors la conſommation diminue, parce que l’exportation ceſſe auſſi-tôt que la marchandiſe eſt trop chère pour ſoutenir la concurrence. Les terres & les manufactures languiſſent également.

L’impuiſſance où ſe trouve l’empire de faire face à ſes engagemens, le réduit à s’en libérer par la voie la plus deſtructive de la liberté des citoyens & de la puiſſance du ſouverain, par la banqueroute. Alors les édits d’emprunts ſont payés en édits de réduction. Alors ſont trahis les ſermens du monarque & les droits des peuples. Alors eſt perdue ſans retour la baſe de tous les gouvernemens, la confiance publique. Alors eſt renversée la

fortune