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doigts & des geſtes particuliers à l’eſpèce humaine ; les événemens naturels qui peuvent rapprocher de cent façons, & réunir des individus errans & libres ; les accidens & les beſoins imprévus qui les forcent à ſe rencontrer pour la chaſſe, la pêche, ou même pour leur défenſe ; enfin l’exemple de tant d’eſpèces qui vivent en troupes, telles que les amphibies & les monſtres marins, les vols de grue & d’autres animaux, les inſectes même qu’on trouve en bandes & en eſſaims : tous ces faits & ces raiſonnemens ſemblent prouver que l’homme tend de ſa nature à la ſociabilité, & qu’il y a arrive d’autant plus promptement, qu’il ne ſauroit beaucoup peupler ſous la Zone-Torride, ſans ſe former en hordes errantes ou sédentaires, ni ſe répandre ſous les autres Zones, ſans s’aſſocier à ſes ſemblables, pour la proie & le butin qu’exige le beſoin de ſe nourrir & de ſe vêtir.

De la néceſſité de s’aſſocier, dérive celle d’avoir des loix relatives à cet état : c’eſt-à-dire, de former, par la combinaiſon de tous les inſtincts communs & particuliers, une combinaiſon générale, qui maintienne la