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n’avoient pu être civilisées ni par le chriſtianiſme, ni par les ſiècles, retrouvèrent les ſciences & les arts qu’ils ne cherchoient point. Les croisés épuisèrent leur fanatiſme & perdirent leur barbarie à Conſtantinople. C’eſt en allant au tombeau de leur Dieu, né dans une crèche & mort ſur une croix, qu’ils prirent le goût de la magnificence, du faſte & des richeſſes. Ils rapportèrent la pompe Aſiatique dans les cours de l’Europe. L’Italie, d’où la religion dominoit ſur les autres contrées, adopta la première une induſtrie utile à ſes temples, aux cérémonies de ſon culte, à ces ſpectacles qui nourriſſent la dévotion par les ſens, quand elle s’eſt une fois emparée de l’âme. Rome chrétienne, qui avoit emprunté ſes rites de l’Orient, devoit en tirer ce qui les ſoutient, l’éclat des richeſſes.

Veniſe, qui avoit des vaiſſeaux ſous l’étendard de la liberté, ne pouvoit manquer d’induſtrie. Les Italiens élevèrent des manufactures, & furent long-tems en poſſeſſion de tous les arts, même quand la conquête des deux Indes eut fait déborder en Europe les tréſors du monde entier. La Flandre tira