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ſans avantage pour aucune. Ceux qui conduiſent les peuples mettent la même adreſſe à ſe défendre de l’induſtrie des nations, qu’à ſe garantir des ſoupleſſes des intrigans qui les entourent. Par-tout on repouſſe, partout on eſt repouſſé. Quelques hommes ignorans, bas ou corrompus ont rempli l’Europe, le monde entier de mille contraintes inſoutenables qui ſe ſont de plus en plus étendues. La terre & l’eau ont été couvertes de guérites & de barrières. Le voyageur n’a point de repos, le marchand point de propriété ; l’un & l’autre ſont exposés à tous les pièges d’une légiſlation artificieuſe, qui sème les crimes avec les défenſes, les peines avec les crimes. On ſe trouve coupable, ſans le ſavoir ni le vouloir ; & l’on eſt arrêté, taxé, dépouillé, ſans avoir de reproche à ſe faire. Tel eſt le commerce en tems de paix. Que reſte-t-il à dire des guerres de commerce ?

Qu’un peuple confiné dans les glaces de l’ourſe, arrache le fer aux entrailles de la terre, qui lui refuſe la ſubſiſtance, & qu’il aille le glaive à la main couper les moiſſons d’un autre peuple ; la faim, qui n’ayant point de loix n’en peut violer aucune,