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des deux Indes.
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confiance. Le ſerment naquit de la perfidie. On n’exigea de l’homme qu’il prît le Dieu qui l’entendoit à témoin de ſa véracité, que lorſqu’il ne mérita plus d’être cru. Magiſtrats, ſouverains, que faites-vous donc ? Ou vous faites atteſter le ciel & lever la main à l’homme de bien, & c’eſt une injure inutile ; ou celui à qui vous ordonnez le ſerment, eſt un méchant. Et de quel prix peut être à vos yeux le ſerment d’un méchant ? Mon ſerment eſt-il contraire à ma sécurité ? il devient abſurde. Eſt-il conforme à mon intérêt ? il eſt ſuperflu. Eſt-ce connoître le cœur humain que de placer le débiteur entre ſa ruine & le menſonge, le criminel entre la mort & le parjure ? Celui que la vengeance, l’intérêt & la ſcélérateſſe auront déterminé au faux témoignage, ſera-t-il arrêté par la crainte d’un crime de plus ? Ignore-t-il en approchant du tribunal de la loi, qu’on exigera de lui cette formalité ? & ne l’a-t-il pas méprisée au fond de ſon cœur avant que de s’y ſoumettre ? N’eſt-ce pas une eſpèce d’impiété que d’introduire le nom de Dieu dans nos misérables débats ? N’eſt-ce pas un moyen bizarre de rendre le ciel complice d’un forfait, que de