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pensée veut se reposer un instant, elle ne trouve que des fagots d’épines à la place des bons oreillers d’autrefois. Il n’y en avait pas mal déjà, entassés autour de nous : M. Stapfer en apporte un nouveau, qui n’est ni le plus petit, ni le moins épineux.

On conçoit, sans trop de peine, que la philosophie hoche la tête en voyant quelques-uns des dogmes qu’élabore la théologie ; ce sont deux sœurs qui n’ont pas coutume de faire bon ménage, et il faut avouer que la seconde a le goût des infaillibilités suspectes, preuve en soit celle qu’elle est sur le point d’imposer à la plus grande des églises chrétiennes. L’habitude a fini par nous faire trouver naturel que les historiens tiennent pour suspectes la plupart des histoires merveilleuses auxquelles le monde a cru si longtemps, et que, cherchant l’homme sous le masque, ils témoignent peu de respect pour une foule d’idoles enfantées par la flatterie, et dont le culte a été religieusement entretenu par l’esprit de routine. Il n’y a qu’à lire le journal du soir, racontant les faits du matin, pour se persuader que les commencements de l’histoire ne sont le plus souvent que propos en l’air ou partis-pris de coterie. Elle débute par le mensonge, puis la rouille s’y met, et rien ne ressemble plus à une vérité qu’un mensonge bronzé par le temps. Il a bien fallu nous résigner aussi à voir les sciences naturelles procéder par vérifications successives, se corriger d’année en année, et.