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du Général sur cette jeune fille qui causait si amicalement avec son fils, le vaniteux et vantard garnement s’était efforcé de peindre sous les plus brillantes couleurs une famille où lui et sa sœur songeaient à entrer ; et « doublant l’estimation déjà généreuse que son avidité lui avait suggérée des revenus de la cure de Mr. Morland, triplant sa fortune, ajoutant libéralement une tante riche et réduisant de moitié le nombre des enfants, il avait pu présenter la situation de la famille sous un aspect des plus florissants ». Le Général avait trouvé le parti avantageux pour son fils, et, suivant ses habitudes autocratiques, avait mené toute la campagne sans consulter ni Henry, ni sa sœur. Par la suite, Isabella, apprenant que la position de James Morland était fort modeste, avait rompu avec lui ; et John Thorpe, furieux de s’être illusionné sur la dot de Catherine et du peu de succès de ses manœuvres auprès de la jeune fille, avait fourni au Général de nouveaux renseignements, rabaissant les Morland autant qu’il les avait élevés autrefois, en faisant presque des mendiants.

Un mariage brillant d’Eleanor Tilney, apaise le courroux du Général en flattant son amour propre, et il donne à son fils la permission de faire une sottise, s’il le désire, en épousant Catherine.

L’Abbaye de Northanger n’est pas une œuvre parfaite. Les mésaventures de Catherine dans l’Abbaye sont inutiles à la marche de l’intrigue ; Henri Tilney est trop fat pour être aussi sympathique que le voudrait son rôle ; et la conduite grossière du Général est un peu invraisemblable. Mais les incidents sont divertissants et racontés avec verve ; Catherine est délicieuse de naïveté ; l’apathie de Mrs. Allan, l’avidité des Thorpes est réjouissante ; partout l’esprit éclate en mille petites remarques ironiques ; et, si ce n’est pas le chef-d’œuvre de Miss Austen, c’est peut-être le plus amusant de ses romans.



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