Page:Rague - Jane Austen, 1914.djvu/88

Cette page n’a pas encore été corrigée

garçon. un excellent chasseur, et il a la plus gentille chienne pointer que j’aie jamais vue. »

Un ami des Middleton, le Colonel Brandon, montre lui aussi beaucoup de sympathie pour Marianne. Il a une grosse fortune et c’est un brave homme, simple, bon, loyal, un peu timide. Elinor pense qu’il serait un mari idéal pour sa sœur ; mais la romanesque jeune fille lui trouve des vices rédhibitoires : il a déjà trente-huit ans, il est veuf, et il porte des gilets de flanelle.

Au moment où Mrs. Henry Dashwood croit que Willoughby va demander la main de sa fille, celui-ci part brusquement pour Londres. Elle est un peu déçue ; mais l’attitude confiante de Marianne la rassure, le jeune homme a évidemment pris un engagement vis à vis d’elle.

La visite d’Edward Ferrars vient dissiper un peu la sensation désagréable qu’a laissé le départ de Willoughby. Il semble tout heureux de revoir Elinor ; cependant il y a quelque chose d’énigmatique dans sa conduite, que sa crainte de l’opposition d’une mère riche et autoritaire ne suffit pas à expliquer. Mrs. Jennings, la mère de Lady Middleton, une marieuse enragée, fait tout ce qu’elle peut pour pousser l’un vers l’autre les deux jeunes gens ; elle ne leur ménage ni les insinuations ni les mots à double entente, méthode déplorable avec des amoureux si timides. L’embarras d’Edward croît avec l’arrivée de deux cousines de Mrs. Jennings, les demoiselles Steele, filles de son ancien précepteur. Miss Lucy Steele est une fine mouche ; sans fortune et intrigante, elle a, plusieurs années auparavant, réussi à se fiancer à Edward Ferrars, qui maintenant le regrette fort ; et le pauvre garçon, balloté entre son amour pour Elinor et sa volonté de tenir sa parole à Lucy, a de bonnes raisons de paraître gêné et irrésolu. Lucy Steele devine vite les sentiments réciproques d’Edward et d’Elinor, et, par une manœuvre habile et audacieuse, elle défend sa situation acquise, en révélant en secret à Elinor,