Page:Rague - Jane Austen, 1914.djvu/54

Cette page n’a pas encore été corrigée

et, comme le futur mariage de la princesse Charlotte et du prince Léopold, dont il est le secrétaire particulier, est l’événement du jour, il suggère « qu’un roman historique mettant en lumière la gloire de l’auguste maison de Cobourg, serait tout à fait d’actualité » [1]. Mais Jane a l’esprit critique trop développé pour se laisser pousser dans une voie dangereuse, et sa réponse est aussi ferme que spirituelle :

« Je comprends très bien qu’un roman historique sur la maison de Cobourg pourrait être susceptible de plus de profit et de popularité que mes peintures de la vie domestique dans un petit village. Mais je ne puis pas plus écrire un roman historique qu’un poème épique. Il m’est impossible de me mettre sérieusement à écrire un roman sérieux, à moins que ce ne soit pour sauver ma vie. Et s’il me fallait entreprendre cette tâche, et s’il m’était interdit de ne jamais m’y moquer ni de moi ni des autres, je suis sûre qu’il me faudrait être pendue avant d’avoir fini le premier chapitre. Non, je dois m’en tenir à mon propre style et aller mon propre chemin, et quoique je puisse n’y jamais plus réussir de nouveau, je suis convaincue que dans tout autre, je rencontrerais un insuccès complet [2]. »

Mr. Clarke n’insista plus. Il n’était d’ailleurs pas le seul à prétendre guider la romancière de ses conseils. Jane Austen a laissé dans ses papiers le « Plan d’un roman d’après des suggestions venues de différents côtés », et le nom des inspirateurs est mentionné en marge. Voici ce que donnait la combinaison de tous ces avis compétents :

« L’héroïne est fille d’un pasteur qui a beaucoup vécu à la cour et s’est retiré à la campagne avec une petite fortune. Elle est sans défaut, d’une beauté parfaite, pourvue de toutes les qualités imaginables… Son père

  1. A memoir of Jane Austen, by J. E. Austen-Leigh.
  2. A memoir of Jane Austen, by J.-E. Austen-Leigh.