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Des petits jardins égaient chaque cottage et font l’orgueil d’une population aisée et bienveillante.

À la fin du xviiie siècle, une maison plus importante que les autres s’élevait à l’extrémité du village, vers la vallée. Elle était entourée d’un grand jardin, presque un parc, où, suivant la mode du temps, les fleurs se mêlaient sans prétention aux légumes et aux arbres fruitiers ; au sud, une terrasse, ombragée d’ormes et de chênes, se continuait par des pentes de gazon. C’était l’habitation du recteur de la paroisse, Mr. George Austen, homme distingué et esprit raffiné. Il descendait d’une vieille et honorable famille du Kent ; resté orphelin et sans fortune à l’âge de huit ans, il avait pu faire ses études à Oxford, grâce à la libéralité d’un oncle riche ; il s’y était distingué à la fois par ses succès universitaires et par la délicatesse de ses traits qui lui avait valu le surnom de « Le joli Proctor ». à sa sortie d’Oxford, son oncle acheta pour lui la cure de Deane, et un cousin, Mr. Knight, lui donna celle de Steventon. Les deux paroisses étaient distantes d’environ quinze cents mètres et comprenaient trois cents âmes au plus.

Sa femme, Cassandra Leigh, fille du directeur du Hampden College, était la nièce du Dr. Theophilus Leigh, qui fut longtemps à la tête du Balliol College, et jouissait de la réputation d’homme d’esprit parmi les lettrés de son temps. L’une de ses petites filles nous la dépeint comme une petite femme vive, spirituelle, quelque peu originale. Pendant les premières années de son mariage, elle portait constamment une robe amazone rouge ; et elle attachait, paraît-il, une immense importance à la forme du nez des gens, le sien étant d’un profil aristocratique qu’elle avait eu le bonheur et la fierté de transmettre à ses enfants. Elle était instruite, écrivait des lettres délicieuses et causait avec esprit, sans toutefois interrompre, malgré la présence des visiteurs, le raccommodage des bas de la famille ; la