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Bertram. »

Les savants et les hommes d’état eux-mêmes sont séduits par le délicat humour d’Orgueil et Préventions, de Mansfield Park, et d’Emma. Warren Hasting, Lord Landsdowne, le physicien Sir Henry Holland ne croient pas compromettre leur gravité en avouant leur admiration pour ces fins chefs-d’œuvre. Le grand ministre Disraëli se vantait d’avoir relu dix-sept fois Orgueil et Préventions ; et le distingué Lord Holland ne se lassait jamais d’entendre lire et relire à haute voix « ces charmants romans presque uniques dans leur style humoristique ».

Autour de lui, dans cette fameuse Holland House, où suivant Macaulay, « les hommes qui avaient guidé la politique de l’Europe, qui avaient remué de grandes assemblées par leur raison ou par leur éloquence, qui avaient insufflé la vie au bronze ou à la toile, qui avaient laissé à la postérité des choses si merveilleusement écrites qu’elles rendaient leur nom immortel, se trouvaient mêlés avec tout ce qu’il y avait de plus charmant et de plus gai dans la société de la plus splendide des capitales » [1], les plus intimes familiers de la maison, ceux que Lady Holland honorait de ses amicales impertinences, Sydney Smith, C. Gréville, Guizot, Sir James Mackinstosh, partageaient l’enthousiasme de leur hôte pour le talent de Jane Austen. Ce petit groupe d’admirateurs passionnés devait certainement donner Mansfield Park et Emma comme modèles aux jeunes littérateurs, si fiers d’être admis aux réceptions de Lady Holland, et tout disposés à se laisser influencer par les opinions de ses illustres amis.

L’esprit le plus distingué de ce cercle qui fut si utile au développement intellectuel de la société anglaise, Macaulay, le grand critique lumineux et sarcastique, reprend dans son essai sur Mme d’Arblay la comparaison

  1. Essai sur Lord Holland.