que ceux d’aucun autre écrivain de notre époque ». Un autre poète, qui est aussi un fin critique, S. T. Coleridge, proclame que ses livres sont « dans leur genre, d’une vérité et d’une originalité parfaites ». Miss Susan Ferrier, une romancière anglaise de grand talent, la protégée de Walter Scott, écrit à une de ses amies en 1816 : « Je viens de lire Emma qui est excellent ; il n’y a aucune sorte d’histoire et l’héroïne n’est pas meilleure que les gens ordinaires ; mais les caractères sont si fidèles à la vérité et le style est si piquant, que cela ne réclame pas l’aide du mystère et l’aventure [1]. » On trouve dans les parties comiques des œuvres de Miss Ferrier un humour enjoué, une délicate satire, si voisines de celles d’Orgueil et Préventions, qu’on est tenté de croire que, d’elle-même ou sur le conseil de Walter Scott, elle s’est un peu inspirée des qualités qu’elle admire si fort dans Emma. Son premier roman Mariage a bien été écrit dès 1810, mais il n’a paru qu’en 1818 et a été revu dans l’intervalle.
Miss Mitford, l’auteur d’un joli petit roman villageois publié en 1819, déclare qu’elle consentirait à se laisser couper une main pour acquérir le talent de Jane Austen.
Puis c’est un homme d’église, l’archevêque Whateley, qui en 1821, dans un article de la Quaterley Review, la compare à Shakespeare en ces termes : « Comme lui, elle montre un admirable discernement aussi bien dans le caractère des déséquilibrés que dans celui des gens sensés, mérite qui est loin d’être commun. Slender, Shallow et Ague-Cheek, quoique également fous, ne se ressemblent pas plus l’un l’autre que Richard, Macbeth et Jules César ; et les Mrs. Bennet, Mr. Rushworth ou Miss Bates de Jane Austen n’ont pas plus de ressemblance entre eux que Darcy, Knightley, Edmund
- ↑ Mémoirs and Correspondance of Susan Ferrier.