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pris de boisson ou jurant grossièrement, et les gendres ne savent pas aussi bien que ceux d’aujourd’hui déguiser leurs sentiments vis-à-vis de leur belle-mère.

— « Alors vous seriez très mal élevée », crie Mr. Palmer à Mrs. Jennings.

— « Mon amour, vous contredites tout le monde », interrompt sa femme. « Savez-vous que vous êtes très impoli ! »

— « Je croyais ne contredire personne en appelant votre mère mal élevée », répond ce charmant gentleman de la bonne société d’alors.

Il faut se représenter Darcy, Sir Thomas Bertram, Mr. Knightley, le cou emprisonné dans de hautes cravates, avec des habits de couleur et des bottes à la Wellington, s’inclinant d’un air un peu rigide devant des femmes qui ont la taille de leurs robes sous les bras, coiffées de chapeaux aux larges bords qui, rabattus par des rubans, encadrent la figure et donnent à leurs traits une grâce mignarde.

Alors nous trouvons dans les six chefs-d’œuvre de Miss Austen d’inappréciables documents sur la vie de nos pères, il y a un siècle. Nous les revoyons, non pas immobiles comme sur une peinture, non pas glacés comme dans un savant ouvrage historique, mais animés, vivants, ressuscités, dans l’un des petits drames ou l’une des petites comédies qui secouaient leurs sentiments ou égayaient leurs misères. Et nous reconnaissons qu’hier ressemble beaucoup à aujourd’hui dans l’histoire du cœur humain.