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aintenant tout à fait épris. Cependant, la brise vivifiante de la mer rend aux traits réguliers et fins d’Anne Elliot l’éclat de la jeunesse, et, un jour, au retour d’une promenade, le capitaine Wentworth remarque les regards d’admiration que jette à son ancienne fiancée un jeune inconnu. Il est frappé de la transformation qu’a produit sur la jeune fille quelques jours d’exercice en plein air ; et, pendant un instant, il croit revoir l’Anne Elliot d’autrefois.

Mais ce n’est qu’une impression passagère, et il continue à faire sa cour à Louisa Musgrove. Celle-ci joue comme un enfant, saute de rochers en rochers, et tout à coup glisse, tombe, se blesse grièvement à la tête. Tout le monde est affolé ; Anne seule garde son sang-froid, donne les ordres utiles, soigne Louisa avec dévouement et intelligence. L’attitude de Wentworth montre à Anne combien il apprécie sa fermeté, son bon sens, son zèle affectueux. Elle en est toute réconfortée ; maintenant, même s’il aime Louisa et l’épouse, elle restera dans son souvenir, non comme une petite créature faible, incapable de défendre son amour, mais parée de toutes les qualités qu’un homme peut désirer chez sa femme.

Dès que Louisa est hors de danger, Anne va retrouver à Bath son père et sa sœur Elisabeth. Elle y rencontre l’inconnu de Lyme ; c’est William Elliot, l’héritier du titre et du domaine de Sir Walter. Autrefois, Elisabeth avait espéré se marier avec lui, mais il avait épousé, pour sa fortune, une femme commune et mal considérée. Il est maintenant veuf, et il s’empresse de faire sa cour à Anne.

Tout à coup, une lettre de Mary Musgrove annonce que Louisa épouse, non le capitaine Wentworth, mais un de ses amis, Bentwick, dont elle a fait connaissance au cours de sa convalescence. L’amiral Croft, rencontré par hasard, confirme le fait, et exprime son étonnement que son beau-frère ne garde aucune rancune à l’ami qui lui a enlevé sa fiancée. Un peu d’espoir revit dans le cœur