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fait immédiatement la conquête de tout le village par ses manières franches et aisées, et Emma le trouve fort agréable, à la grande joie de Mr. et Mrs. Weston qui caressent l’espoir d’un mariage. Seul Mr. Knightley critique Frank Churchill, le trouve sans caractère, léger et poseur. Un voyage à Londres dans le seul but de se faire couper les cheveux, alors qu’il a si rarement l’occasion de rester avec son père, semble donner raison à Mr. Knightley. Mais il met une telle bonne grâce à cette folie de jeune homme coquet, qu’elle paraît excusable à Emma. Elle bavarde beaucoup avec lui sur Jane Fairfax, une jeune fille de Highbury qu’il a rencontrée à Brighton. Jane Fairfax, orpheline pauvre mais de bonne famille, a été élevée par des amis riches, les Campbell, pour tenir compagnie à leur fille. Celle-ci vient d’épouser un Mr. Dixon, et Jane est rentrée chez sa grand’mère depuis quelques semaines. Comme Miss Fairfax est très jolie et Miss Campbell presque laide, Emma imagine immédiatement que Mr. Dixon aurait choisi Miss Campbell pour ses millions, mais resterait, après son mariage, amoureux de l’ancienne amie de sa femme. Les sourires amusés de Frank Churchill, qui semble savoir là-dessus plus de choses qu’il n’en dit, confirment les soupçons d’Emma.

Un superbe piano vient d’arriver justement chez la grand’mère de Jane et le donateur est inconnu. C’est le mystère du jour dans Highbury. Emma insinue méchamment que ce doit être un cadeau de Mr. Dixon. Frank trouve l’idée excellente, et au grand déplaisir d’Emma, lance des allusions qui paraissent très désagréables à Jane Fairfax. De son côté, Mrs. Weston émet l’opinion que le piano pourrait bien provenir de Mr. Knightley, très empressé depuis quelques jours auprès de Miss Fairfax, et elle prédit un futur mariage. Mais Emma s’indigne à cette pensée. Mr. Knightley ne doit pas se marier ; il ne le faut pas dans l’intérêt de leur petit neveu Henry,