Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T6.djvu/89

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’obscurité ne permit pas d’en lire l’inscription ; mais les guides savoient qu’elle étoit érigée en mémoire du comte de Béliard, qui avoit été tué là par une troupe de bandits qui infestoient, quelques années avant, toute cette partie des Pyrénées. La grandeur de ce monument sembloit justifier la supposition qu’une personne distinguée en avoit été l’occasion. Blanche frémit en écoutant quelques horribles particularités sur le destin de l’infortuné comte. Un des guides les raconta d’une voix basse et mesurée, comme si ses propres accens lui eussent fait peur. Pendant que, rangés autour de la croix, les voyageurs s’occupoient à l’entendre, un éclair donna sur les roches, le tonnerre gronda dans le lointain, et les voyageurs alarmés quittèrent ce lieu d’horreur pour se procurer un abri.

Revenus à la première route, les guides s’efforcèrent d’attirer l’attention du comte par une foule d’histoires de brigandages et d’assassinats commis dans les lieux même où ils devoient passer. Ils ajoutèrent mille bravades sur leur propre courage, et la manière merveilleuse dont ils avoient su échapper. Le principal guide, ou plutôt le mieux armé, tira de sa ceinture un de ses quatre pistolets, et jura que ce pistolet avoit