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le nom de calme à ce qui n’était que le sursis de la douleur ? Échappée maintenant aux plus cruels dangers, indépendante de ses tyrans, elle se trouvoit maîtresse d’une fortune considérable ; elle auroit pu, avec raison, s’attendre à goûter le bonheur ; il étoit plus loin d’elle que jamais ; elle se seroit accusée de foiblesse et d’ingratitude, si elle avoit souffert que le sentiment des biens qu’elle possédoit fût étouffé par celui d’une seule infortune, si cette seule infortune n’eût touché qu’elle. Mais elle pleuroit sur Valancourt, et si même il étoit vivant, les larmes de la pitié s’unissoient à celles du regret ; elle s’affligeoit qu’un être humain fût tombé dans le vice, et par suite dans la misère. La raison et l’humanité réclamoient ensemble les larmes de l’amitié ; et son courage ne pouvoit pas encore les séparer de celles de l’amour. Dans le moment actuel cependant, ce n’étoit pas la certitude des torts de Valancourt, mais la crainte de sa mort, qui l’oppressoit ; elle se trouvoit, pour ainsi dire, la cause de cette mort, quoique bien innocemment. Sa crainte augmentait à chaque pas ; quand elle vit la chaumière, son désordre fut à son comble, la résolution lui manqua, et elle resta sur un banc dans le sentier. Le vent