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— N’en étois-je pas ? dit le premier. Je vous dis que c’est le baron. Mais qu’importe après tout, que ce soit lui ou non ? laisserons-nous échapper ce butin ? Nous n’avons pas souvent de si bonnes fortunes. Quand on risque la roue pour frauder quelques aunes d’étoffe, qu’on se rompt le cou au travers de nos précipices pour vivre de la chasse ; quand nous pillons un malheureux voyageur, ou quelque frère de contrebande, qui paient à peine la poudre qu’ils coûtent, nous laisserions échapper une telle prise ? Ils ont bien avec eux assez de quoi…

— Ce n’est pas cela, ce n’est pas cela, dit le troisième ; nous en tirerons le meilleur parti possible. Mais seulement, si c’est le baron, je lui veux donner un coup de plus, en l’honneur de nos braves camarades qu’il a fait conduire au gibet.

— Oui, oui ; balafrez tant qu’il vous plaira ! Je vous dis, moi, que le baron est plus grand que cela.

— La peste soit de vos sottises ! dit le second. Les laisserons-nous partir ou non ? c’est de cela qu’il s’agit. Si nous perdons du temps, ils soupçonneront notre projet, et décamperont bien vite. Qu’ils soient ce qu’ils voudront, ils sont riches : tant de domestiques ! Avez-vous vu l’anneau que le