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prit part à la danse avec un jeune gentilhomme du voisinage. M. Dupont demandoit Emilie ; mais elle étoit trop triste pour participer à tant de gaîté. Cette fête lui rappeloit celle de l’année précédente, les derniers momens de la vie de Saint-Aubert, et l’événement affreux qui l’avait terminée.

Remplie de ce souvenir, elle s’éloigna de la danse, et s’enfonça lentement dans les bois : les sons adoucis de la musique tempéroient sa mélancolie ; la lune répandoit à travers le feuillage une lumière mystérieuse ; l’air étoit doux et frais : Emilie absorbée dans sa rêverie, alloit toujours, sans prendre garde à la distance ; elle s’apperçut enfin que les instrumens ne s’entendoient plus, et qu’un silence absolu régnoit autour d’elle ; Emilie se trouva près de l’avenue, où la nuit de l’arrivée de son père, Michel avoit cherché à lui procurer un asyle. Cette avenue étoit presque aussi sauvage, presque aussi désolée qu’elle le lui avoit paru alors. Le comte avoit été si occupé de réparations indispensables, qu’il avoit négligé celle-là ; la route étoit encore brisée, et les arbres encore encombrés par des branchages.

En considérant le chemin elle se rappela