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selle Saint-Aubert, on lui refusa positivement l’entrée. Ne voulant pas engager une querelle avec des domestiques, il partit et revint chez lui dans un état de frénésie ; il écrivit à Emilie ce qui s’étoit passé, exprima sans restriction les angoisses de son cœur, et la conjura, puisqu’il ne restoit que cette ressource, de le recevoir à l’insu de Montoni. À peine, eut-il envoyé la lettre que sa passion se calma : il comprit la faute qu’il avoit commise, en augmentant les chagrins d’Emilie par le trop fidèle tableau de ses peines ; il eût donné la moitié du monde pour recouvrer son imprudente lettre. Emilie néanmoins fut préservée de la douleur qu’elle auroit pu en recevoir. Madame Montoni avoit ordonné qu’on lui portât les lettres pour sa nièce : elle lut celle-ci, elle y vit avec colère la manière dont Valancourt y traitoit Montoni ; elle exhala son ressentiment, et mit enfin la lettre au feu.

Montoni pendant ce temps, toujours plus impatient de quitter la France, pressoit les préparatifs de ses gens, et terminoit à la hâte tout ce qui pouvoit lui rester à faire. Il garda le plus profond silence sur les lettres où Valancourt, désespérant d’obtenir plus, et modérant la passion qui l’avoit fait sortir de la règle, sollicitoit seulement