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coup de l’avenir ; ils aimoient, ils étoient aimés, et ne soupçonnaient pas que l’attachement même qui faisoit leur bonheur, pourroit causer un jour le malheur de leur vie. Pendant ce temps, la liaison de madame Chéron et de madame Clairval devint de plus en plus intime, et la vanité de madame Chéron se satisfaisoit déjà en publiant par-tout la passion du neveu de son amie pour sa nièce.

Montoni devint aussi l’hôte journalier du château. Emilie tut forcée de s’appercevoir qu’il étoit l’amant de sa tante, et amant favorisé.

Emilie et Valancourt passèrent ainsi leur hiver, non-seulement dans la paix, mais encore dans le bonheur. La garnison de Valancourt étoit près de Toulouse, ils pouvoient se voir fréquemment. Le pavillon, sur la terrasse, étoit le théâtre favori de leurs entrevues ; Emilie et madame Chéron alloient y travailler, Valancourt leur lisoit des ouvrages de goût. Il observoit l’enthousiasme d’Emilie, il exprimoit le sien, il remarquoit enfin, tous les jours que leurs esprits étoient faits l’un pour l’autre ; et qu’avec le même goût ; la même bonté, la même noblesse de sentimens, eux seuls réciproquement pouvoient se rendre heureux.