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courus. L’aspect désert de cette chambre, fit désirer à Emilie, qu’Annette ne la quittât point encore. Le froid humide qui s’y faisoit sentir la glaçoit autant que sa crainte ; elle pria Catherine, la servante du château, de lui apporter un peu de bois et de lui allumer du feu.

— Oui, mademoiselle, dit Catherine, il y a longues années qu’on n’a fait du feu dans cette chambre.

— Vous n’aviez pas besoin de nous dire cela, bonne femme, reprit Annette ; toutes les chambres de ce château sont fraîches comme des puits. Je m’étonne que vous y puissiez vivre. Pour ma part, il est sûr que je voudrois être à Venise. Emilie fit signe à Catherine d’aller lui chercher du bois.

— Je m’étonne, mademoiselle, dit Annette, qu’on nomme ceci la double chambre. Emilie, pendant ce temps, regardoit en silence, et la trouvoit haute et spacieuse comme toutes celles qu’elle avoit déjà vues. Ses murs étoient boisés en mélèse ; le lit, les autres meubles en étoient fort antiques, et avoient cet air de sombre grandeur qu’on remarquoit dans tout le château. Une des hautes fenêtres, qu’elle ouvrit donnoit sur un rempart élevé ; mais l’obscurité, d’ailleurs, ne permettoit pas de rien voir.