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temens anciens et très spacieux. Les uns étoient tendus en tapisseries, d’autres boisés de cèdres et de noirs mélèses. Les meubles qu’on y voyoit sembloient aussi antiques que les murailles, et conservoient une apparence de grandeur, quoique rongés de poussière et tombant de vétusté.

Comme il fait froid ici, mademoiselle, dit Annete ! personne n’y a habité depuis des siècles, à ce qu’on dit. Allons-nous-en.

Peut-être arriverons-nous jusqu’au grand escalier, dit Emilie en marchant toujours. Elle se trouva dans un salon garni de tableaux, et prit la lumière pour examiner celui d’un soldat à cheval sur un champ de bataille. Il appuyoit son épée sur un homme que son cheval fouloit aux pieds, et qui sembloit lui demander grâce. Le soldat, la visière levée, le regardoit avec l’air de la vengeance.

Cette expression et tout l’ensemble frappèrent Emilie par la ressemblance de Montoni ; elle frissonna et détourna les yeux. En passant légèrement la lumière sur les autres tableaux, elle vint à un que couvroit un voile de soie noire. Cette singularité la frappa ; elle s’arrêta dans l’intention d’écarter le voile et de considérer ce qu’on cachoit avec tant de soin ; cependant, un