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voient encore au-dessus. L’idée d’une longue souffrance et d’un meurtre assaillit ses tristes pensées. Une de ces subites et inexplicables convictions, qui s’emparent quelquefois même des plus fortes âmes, frappa la sienne d’une soudaine horreur. Ce sentiment ne diminua pas quand elle entra dans une salle gothique, immense, en proie aux ténèbres du soir. Un flambeau qui brilloit au loin à travers une longue suite d’arcades, servoit seulement à rendre l’obscurité plus sensible. Un domestique apporta une seconde lampe ; et ses foibles lueurs tombant tour-à-tour sur les piliers et sur les voûtes, dessinoient fortement leurs ombres alongées sur le pavé et sur les murs.

L’arrivée inattendue de Montoni n’avoit permis aucun préparatif pour le recevoir. Le serviteur qu’il avoit dépêché en partant lui-même de Venise, l’avoit devancé de peu de momens. Cette circonstance excusoit en quelque sorte le dénument et le désordre où paroissoit être ce grand château.

Le domestique, qui vint éclairer Montoni, le salua en silence, et sa physionomie ne s’anima d’aucune apparence de plaisir. Montoni répondit au salut par un léger mouvement de la main, et passa. Sa femme suivoit, et jetoit autour d’elle un regard