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trouverez pas beaucoup d’adorateurs comme le comte ; tout autre que lui vous auroit tourné le dos, et vous auroit laissée vous repentir à loisir.

— Oh, que le comte n’est-il comme seroit tout autre, dit Emilie en soupirant !

— Il est heureux pour vous que cela ne soit pas, répliqua madame Montoni. Ce que je vous disois n’est que par intérêt pour vous : je voulois vous convaincre de votre heureuse fortune, vous engager à céder de bonne grâce à la nécessité. Il m’importe peu pour moi, vous le savez, que vous consentiez ou non à ce mariage, qui certainement se fera : ce que je dis n’est que par bonté ; je voudrois vous voir heureuse ; c’est votre faute, si vous ne l’êtes pas. Mais je vous demanderai à présent, sérieusement et sans colère, à quel parti vous prétendez, puisque le comte ne satisfait pas votre ambition.

— Je n’ai pas d’ambition, madame, dit Emilie ; mon unique désir est de rester dans l’état où je suis.

— Oh ! c’est sortir de la question, dit la tante : je vois bien que vous songez à M. Valancourt. Abandonnez, je vous prie, ces fantaisies d’amour et ce ridicule orgueil ; devenez une personne raisonnable. Tout