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comte s’offrît à moi, je serois flattée de cette distinction. Si je croyois devoir penser ainsi, vous, ma nièce, qui n’avez aucune fortune, vous devez incontestablement vous en trouver très-honorée, et témoigner une reconnoissance, une humilité envers le comte, qui répondent à sa condescendance. Je suis surprise, je l’avoue, d’observer la soumission qu’il vous témoigne, et les airs hautains que vous prenez. Je m’étonne de sa patience, et si j’étois à sa place, je vous ferois sûrement souvenir un peu mieux de la vôtre. Je ne vous flatterois pas, je dois vous le dire ; c’est cette ridicule flatterie qui vous donne une si grande opinion de vous-même, qui vous fait penser que personne au monde ne vous mérite. Je l’ai souvent dit au comte ; je ne tenois pas à l’extravagance de ses complimens, et vous les preniez à la lettre.

— Votre patience, madame, dit Emilie, ne souffroit pas alors plus cruellement que la mienne.

— Tout cela n’est que de l’affectation, reprit la tante ; je sais que la flatterie vous enchante, et elle vous rend si vaine, que vous croyez naïvement voir tout le monde à vos pieds : vous vous trompez beaucoup. Je puis vous assurer, ma nièce, que vous ne