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qu’elle rejeta son dessein avec impatience, et fut surprise d’avoir pu un seul instant s’y arrêter. Elle répéta son refus dans les termes les plus décisifs qu’elle pût choisir, et blâma sévèrement la conduite qu’on tenoit envers elle. Le comte en parut mortifié, mais il n’en persista pas moins dans ses assurances de tendresse, et madame Quesnel, dont l’arrivée l’interrompit, fut pour Emilie d’un grand secours.

C’est ainsi que, pendant son séjour dans cette charmante maison, Emilie fut rendue malheureuse par l’opiniâtre assiduité de Morano, et par la cruelle domination qu’exerçoient sur elle MM. Quesnel et Montoni ; ils paroissoient, ainsi que sa tante, plus déterminés à ce mariage, qu’ils ne l’avoient même témoigné à Venise. M. Quesnel trouvant enfin que les discours et les menaces étoient également inutiles pour amener une prompte conclusion, il y renonça, et l’on remit le tout au temps et au pouvoir de Montoni. Emilie cependant considéroit Venise avec espérance, elle devoit s’y trouver soulagée d’une partie des persécutions de Morano ; il n’habiteroit plus sous le même toit, et Montoni, distrait par ses occupations, ne seroit pas toujours chez lui. Au milieu de ses chagrins et de ses pro-