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à table, elle avoit repris sa sérénité ordinaire.

Sur le soir, les dames allèrent prendre le frais dans la voiture de madame Quesnel, sur le bord de la Brenta. La situation d’Emilie formoit un contraste mélancolique avec la gaîté des groupes réunis sous les arbres le long de cette charmante rivière. Quelques-uns dansoient sous l’ombrage ; d’autres, couchés sur le gazon, prenoient des glaces, mangeoient des fruits, et goûtoient en paix les douceurs d’une belle soirée et de l’aspect du plus beau paysage du monde.

Emilie, considérant les Apennins couverts de neige, qui s’élevoient dans l’éloignement, pensa au château de Montoni, et fut épouvantée de l’idée qu’il l’y conduiroit, et sauroit bien l’y contraindre à l’obéissance. Cette crainte s’évanouit pourtant, en songeant qu’elle étoit aussi bien en son pouvoir à Venise, qu’elle y seroit par-tout ailleurs.

Il étoit tard avant que la compagnie revînt à Miarenti ; le souper étoit servi dans cette rotonde magnifique qu’Emilie avoit tant admirée la veille : les dames se reposèrent sous le portique, jusqu’à ce que MM. Quesnel, Montoni et d’autres gentils-