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le papier, quand je vous exprimois chacun des sentimens, chacune des affections de mon cœur, vous me paroissiez presque présente ; je n’ai pas eu d’autre consolation. J’ai différé d’envoyer mon paquet, uniquement pour le plaisir de l’augmenter ; il étoit pourtant bien certain que ce que j’écrivois n’étoit rien jusqu’à ce que vous l’eussiez reçu. Si mon esprit étoit plus abattu que de coutume, je venois épancher sa tristesse auprès de vous, et j’y trouvois toujours un adoucissement à ma peine. Quand une circonstance quelconque avoit intéressé mon cœur, et répandoit un rayon de joie dans mon ame, je me hâtois de vous le communiquer, et vous m’en réfléchissiez la jouissance. Ainsi, ma lettre est une espèce de tableau de ma vie et de mes pensées pendant le mois précédent ; elle me rendoit heureux pendant que je l’écrivois. J’ose espérer que les mêmes motif empêcheront qu’elle ne vous soit indifférente ; mais, pour d’autres lecteurs, elle ne seroit qu’un long tissu d’inutilités.

» Je viens d’apprendre une circonstance qui détruit à-la-fois toutes mes illusions. Elle me résigne à la nécessite de rejoindre mon régiment. Je ne puis plus errer sous ces ombrages chéris où je vous trou-