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tume de son cœur. Valancourt espérant qu’elle pouvoit être encore à Venise, avoit hasardé une lettre par la poste : il lui parloit de son amour, de ses inquiétudes et de sa constance. Il avoit langui à Toulouse encore quelque temps après son départ ; il y avoit goûté le plaisir d’errer dans tous les lieux où elle avoit eu l’habitude de se trouver ; il en étoit parti pour se rendre au château de son frère, dans le voisinage de la Vallée. Il ajoutoit : « Si mon service et mon devoir ne m’obligeoient pas à rejoindre mon régiment, je ne sais pas quand j’aurois assez de courage pour m’éloigner d’un lieu que votre souvenir me rend si cher. Le voisinage de la Vallée est le seul motif qui m’ait retenu si long-temps à Estuvière. Je partois à cheval de grand matin, j’allois m’égarer tout le jour dans ces lieux chéris qui furent votre asyle, où je vous ai vu, où j’ai entendu votre voix. J’avois renouvelé connoissance avec la bonne vieille Thérèse, qui se réjouissoit de me retrouver, afin de me parler de vous. Je n’ai pas besoin de vous dire à quel point cette circonstance m’attacha à Thérèse, et comme je l’écoutois avidement sur ce sujet inépuisable. Vous devinerez le motif qui me fit d’abord désirer d’être reconnu