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n’en vit les délicieux environs que le lendemain. Ils quittèrent cette charmante ville de bonne heure, se rendirent à Padone, et s’embarquèrent sur la Brenta, pour gagner Venise. Ici la scène étoit entièrement changée : ce n’étoit plus ces vestiges de guerre répandus dans les plaines du Milanais, et tout respiroit, au contraire, le luxe et l’élégance. Les bords verdoyans de la Brenta n’offroient que beautés, agrémens et richesses. Emilie considéroit avec plaisir les maisons de campagne de la noblesse vénitienne, leurs frais portiques, leurs colonnades entourées de peupliers et de cyprès d’une hauteur majestueuse et d’une verdure animée ; leurs orangers, dont les fleurs embaumoient les airs ; les saules touffus qui baignoient leur longue chevelure dans le fleuve, et formoient de sombres retraites. Le carnaval de Venise paroissoit transporté sur ces rivages enchanteurs. Les bateaux, dans un perpétuel mouvement, en augmentoient la vie. Toutes les bizarreries des mascarades s’épuisoient dans leurs décorations ; et sur le soir, des groupes de danseurs se faisoient remarquer sous des arbres immenses.

Cavigni instruisoit Emilie du nom des gentilshommes à qui ces maisons de cam-